Habituellement j’aime Noël, je retrouve ma tante, mon oncle, mes frères et on passe un réveillon tranquille en famille… Mais là, c’était différent. Ma tante et son mari partent en voyage et mes frères vont chacun chez leurs petites amies respectives… Je me sentais trahie et abandonnée… Je passais donc Noël à Poudlard pour mon plus grand plaisir évidemment.

J’étais assise près de la fenêtre de ma chambre, mes amies se préparaient, elles étaient toutes très belles. J’étais perdue dans mes pensées quand l’une d’entre m’a tiré par le bras et m’a assise de force sur la chaise qui était en face du miroir.  Son sourire était étrange, elles préparaient toutes quelque chose… J’ai peur…
« On refuse que tu passes Noël à te morfondre et à déprimer !  C’est noël bon sang ! »
C’était donc ça, l’excuse pour laquelle elles me faisaient de petites nattes dans les cheveux, et qu’elles sortaient le maquillage et…. Une robe… Je n’aime pas les robes…
« Mais..  Mais non arrêtez, je ne veux pas y aller moi ! »
Elles ne me laissèrent pas vraiment le choix... Elles m’avaient quasi attaché à la chaise pour pas que je m’enfuie…

Quand elles eurent fini de me coiffer, elles me maquillèrent… Je les hais… Elles avait mis du crayon noir sur mes yeux et un peu de mascara parce que «  Ca fait ressortir les couleur de tes yeux !!!! » mouais, c’est pas satisfaisant comme raison… M’enfin bref, c’est pour leur faire plaisir parce qu’elles me voient déprimés toute l’année…
Pour la robe au moins elles ont du goût, non pas qu’elles n’en n’ont pas habituellement, mais c’est que je suis difficile… La robe était blanche avec de la dentelles noires dans le dos, et m’arrivée aux genoux, elle était simple mais belle, je l’aimais bien. Je me chaussai et descendu avec mes amies.

Le seul problème c’est que, je n’avais pas de cavalier, vu qu’à la base je n’étais pas censé y aller. Je suis rentrée dans la grande salle en passant inaperçue pour mon plus grand plaisir et me suis postée à coté de la fenêtre pour rêvasser encore une fois et observer les gens qui entrer dans la salle.

D'ordinaire, je fête Noël à la maison avec Père et maman, uniquement tout les trois, et ça se résumait à un repas silencieux, une veillée composée de partie d'échecs et l'échange de cadeaux. Puis Père me renvoyait ici, sans un mot. Un moment plutot froid mais où maman et moi étions les plus proches dans l'année. Sauf que cette fois-ci, c'était impossible. Mes deux cousins étaient chez nous, maman m'avait prévenu il y a deux jours, pour que je ne fasse pas ma valise inutilement, elle savait que je ne la ferais que la veille du départ! J'étais donc coincé ici, mais ce n'était pas plus mal, supporter Alois et Albert aurait été impossible, surtout pendant 3 jours... Heureusement, elle avait pensé à tout, j'avais donc eu une tenue pour le bal afin de profiter de la fête de l'école!

J'hésitais entre la gêne et la fierté en me contemplant dans le miroir, me contorsionnant pour voir comment j'étais sous tout les angles. Maman avait bon gout mais pas sûr que cela plaise aux autres, comme moi, elle n'aimait pas les tenues classiques, aussi se faisait-elle un devoir de toujours porter une robe qui tranchait avec les autres lors des fêtes, il faut dire qu'elle n'avait pas autant de libertés que les autres, même en tant que Partisan... Pour la énième fois, je suivais du regard les broderies argentés cousues sur le col de ma redingote longue turquoise foncée, descendant jusqu'au pantalon blanc puis aux bottes en cuir brun qui m'arrivaient en dessous des genoux. Nerveux, je vérifiais encore que les boutons de ma chemise à jabot étaient bien refermés tout en triturant le petit joyau bleu épinglé dessus quand mes camarades finirent par me mettre dehors, plus amusés par mon comportement que mécontents. On avait l'impression que j'allais faire la guerre sans armes ni protections tant j'étais pale! Tout rouge, j'ajustais ma ceinture en soie turquoise tout en les suivant, réfléchissant à un moyen d'arranger ma tignasse et d'attacher le ruban destiné à cette dernière. Je n'avais malheureusement pas les cheveux suffisamment longs pour me faire une queue de cheval sans être ridicule... J'eus alors une idée et c'est donc avec une natte sur le coté rehaussée d'un ruban de la même couleur et dans la même matière que ma ceinture, que je pénétrais dans la grande salle déjà bondée. Faisant rouler la chevalière de papy d'angoisse autour de mon pouce à peine suffisamment large pour qu'elle tienne dessus.

Intimidé par le nombre d'élèves assez important malgré le départ de beaucoup pour faire la fête en famille, je rentrai la tête dans les épaules en me dirigeant vers le buffet. L'orchestre commençait tout juste à s'installer, d'ici quelques instants, je quitterais probablement les lieux pour m'enfermer dans ma chambre, profitant du calme comme je le faisais à la maison. Une fois servi, une assiette pleine de gateaux et sucreries et une cruche de jus de citrouilles, je cherchais un endroit où m'assoir quand je l'aperçus. Brune, vêtue d'une robe plutot jolie et bien plus simple que ma tenue, elle aussi semblait vouloir s'effacer, contrairement à moi, elle y parvenait très bien. En fait, quand on regardait de plus près la foule, c'était surtout les Sang purs qui portaient des robes colorées, et les filles cherchant à draguer... Bon, n'ayant pas de cavalière et ne cherchant pas vraiment à en avoir, je ne voyais pas le problème de partager ce moment de solitude et d'observation de danseurs débutants avec elle, il me semblait l'avoir déjà vu dans la salle commune des Poufsouffles d'ailleurs, nous n'étions donc pas vraiment des étrangers.

Lentement, hésitant, je m'approchais d'elle, sourire idiot aux lèvres et aussi rouge qu'une tomate. Je désignais du regard et en relevant un peu les bras les mets que j'avais récolté, cherchant comment engager la conversation et m'inviter dans son coin sans être un boulet.

-Hm salut! J-je peux m'installer ici avec toi? Euh non, pas dans ce sens, je veux dire par là observer la fête tout en mangeant un morceau et... enfin, je ne cherche pas à flirter, ne le prends pas mal bien sûr mais... euh...

Un soupir de découragement s'échappa de mes lèvres. Une fois de plus, je m'étais mélangée les pinceaux à cause du stress! Je déposai l'assiette et la cruche sur le rebord de la fenêtre puis passai ma main dans les cheveux.

-Je ne suis décidément pas doué pour parler avec les autres...

J'étais sur le rebord de ma fenêtre, priant pour que personne ne me remarque pour les raisons suivantes : 1/ je n'aime pas la foule, 2/j'aime pas danser, 3 ( et sans doute le point le plus important) JE HAIS LES ROBES !
Je suis le genre de personne qu'il ne faut pas inviter à des fêtes si on veut s'amuser.. Par contre pour manger là je peux être là, m'enfin ça dépend hein...

Mon regard blasé errait entre la salle remplie de jeunes gens  tous aussi exubérants les uns que les autres...Je vis un jeune homme s'approchait de moi, je fronca le sourcil dans l’incompréhension, qu'est ce qu'il allait faire? Me proposer une danse ? Si c'est ca  il se prendra mon verre dans la tête... Oh c'est vrai je n'ai pas pris de verre.. Tant pis je trouverai autre chose.. Je l'observais.. Il n'avait pas l'air d'être très à l'aise non plus. Il portait une tenue que je qualifierai d'originale:  un pantalon blanc, des bottes en cuir, un ceinture turquoise, sa veste de costume était bleue turquoise assez foncée et d'une chemise à jabot. Bon sa tenue ne me disais pas pourquoi il venait me voir, ça commençait à me faire stresser cette histoire.

"-Hm salut! J-je peux m'installer ici avec toi? Euh non, pas dans ce sens, je veux dire par là observer la fête tout en mangeant un morceau et... enfin, je ne cherche pas à flirter, ne le prends pas mal bien sûr mais... euh..."

J'écarquilla les yeux... Stupéfaite de ce qu'il me demandait... Il voulait juste s'isoler de la foule tout comme moi. Je me suis perdue dans mes pensées toujours aussi étonnée de la demande du jeune homme. D'ailleurs il me semble que je l'ai croisé une ou deux fois dans la salle commune des Poufsouffles...

Je sursauta légèrement quand il déposa la cruche de jus de citrouille et l'assiette qu'il avait en main.

"Je ne suis décidément pas doué pour parler avec les autres..."

J'étouffa un rire. Sa maladresse se voyait mais c'était chou.
" Tu n'as pas à te plaindre de ca je suppose... Moi les gens pensent que je suis muette"

Bon c'est vrai mais en même je n'aime pas parler à la base, je fais un effort sur moi là... D'ailleurs pourquoi je dis ca moi ?! Je suis débile.. Je me baffa mentalement, je suis une idiote...

"En fait, je m'appelle Aellïx, ravie de te rencontrer"
Je feins un sourire sincère, c'est vrai que je n'ai pas tellement l'habitude qu'on m'aborde de cette manière mais ce petit bout d'homme semblait gentil.

Et voilà que je lui faisais peur maintenant! Du moins, c'est ce que je pensais quand elle se mit soudain à rire, ou plutot d'essayer d'étouffer un fou rire soudain. Cela me rassurait autant que m'embarrassait, j'étais donc si nul que ça pour communiquer avec les autres? Mes joues ne manquèrent pas de s'enflammer sous la honte. Remarque, Maman rigolerait elle-aussi devant mon comportement, elle rit toujours dans ce genre de situation, malheureusement à Poudlard, les élèves ne sont aussi tendres qu'elle et à en croire les regards en coin de quelques uns qui nous observaient, j'étais bon pour passer dans la Gazette de l'école dans la rubrique "Rateau de l'année" avec en gros titre "le petit Ethan a voulu jouer les grands mais même une muette ne voudrait pas de lui!"... Etre entouré de requins me décourageait franchement...

" Tu n'as pas à te plaindre de ca je suppose... Moi les gens pensent que je suis muette"

Je relevai la tête, surpris à mon tour. Je savais bien évidement quel surnom on lui avait attribué, on en donnait toujours aux étrangetés et aux associables, les cibles favorites des sang purs en gros... Et ces "titres" pouvaient facilement être pris pour la vérité, c'est ainsi que l'on se retrouve à répondre inlassablement aux mêmes questions ou alors à être regardé comme une bête de foire. Je dois bien avouer que j'ai été berné comme tout le monde au sujet de cette fille, je pensais qu'elle était vraiment muette et qu'elle allait me répondre avec le langage des signes. En réfléchissant bien, elle avait rit à ma gêne, ma précédente pensée n'avait donc pas de sens. Ah, fichu stress, j'en oubliai les choses essentielles!

"En fait, je m'appelle Aellïx, ravie de te rencontrer"

Maintenant que j'y pense, j'avais entendu des filles l'appeler ainsi. Mais elle ne semblait pas me connaitre. A croire que je suis plus discret qu'elle dans la vie de tout les jours alors qu'elle s'effaçait surtout lors des festivités. Il faut bien avouer qu'avec ma tenue, cela serait fort compliqué et peu probable comparé à sa robe! Le sourire qu'elle me lança me rassura suffisamment pour que je me présente à mon tour et qu'on entame la discussion, du moins, si c'est ce qu'elle voulait.... Mon regard se perdit vers les danseurs qui prenaient place sur la piste.

-Moi c'est E-ethan, enchanté de te connaitre!

Mon sourire n'était pas aussi convaincant que le sien mais elle devait bien se rendre compte que communiquer aisément n'était pas à la portée de tout le monde. Doucement, je poussai l'assiette vers elle ainsi que la cruche, je me rendis compte que j'avais oublié des verres. Ayant prévu à la base de retourner dans le dortoir, je n'en avais pas trouvé l'utilité puisque j'aurais été seul pour le boire mais là j'étais en présence d'une camarade, hors de question de faire l'idiot!

-Tu... Tu peux te servir si tu veux, je vais aller chercher des verres.

Après un regard, je partis en direction du banquet avec l'impression d'être le centre du monde, ce qui n'était pas totalement vrai. Je n'étais pas seulement parti pour chercher des verres, j'essayais aussi de me calmer, ce qui n'était pas facile. Pour la première fois, j'avais parlé à quelqu'un sans qu'on m'y force, cela m'effrayait autant que me réjouissait...

Le faux sourire que je lui adressais semblait le convaincre, alors ma foi, j'allais continuer de l'arborer.
Au moment où j'avais ouvert la bouche je vis son visage surpris.. Il devait surement croire que j'étais bel et bien muette, comme la plupart des gens en fait.
Il se présenta assez timidement, bégayant sur la première syllabe de son prénom. Ethan... Malgré qu'il soit dans la même maison que moi, je le connaissais absolument pas.

Il poussa l'assiette et la cruche un peu plus proche de moi.
" Tu... Tu peux te servir si tu veux, je vais aller chercher des verres."


Je souris timidement, le laissant accomplir sa quête. En fait, je n'avais pas spécialement envie de manger et de boire. Je n'étais pas franchement à l'aise dans cette situation et je n'avais qu'une envie s'était de m'enrouler dans ma couette et de retirer cette boule que j'avais à l'estomac.

Mon regard vide balaya la salle entière, tous étaient occupés avec leur cavalier ou cavalière, cependant certains  avaient remarqués la conversation que je venais d'avoir avec Ethan et me regardait d'un air surpris et moqueur. Ils venaient sans doute de se rendre compte que la jeune fille qu'ils prenaient pour muette avait finalement une voix et pouvait aligner 5 mots dans une phrase parfaitement construite. Oui, ils devaient être assez stupéfaits.

Je chercha du regard mes amies qui étaient parties aux quatre coins de la pièce, et malgré cette distance toutes arboraient un sourire assez malicieux sur le visage. Qu'est ce qu'elles allaient encore s'imaginer...
Je brisa le contact visuel avec elles, et retourna à ma fenêtre, me posant mille et une questions. Ma concentration fut interrompue par les flocons qui commençaient à tomber, en voyant ce spectacle mes lèvres s'élargirent dans un véritable sourire de contentement.
"Il neige.." murmurai-je, heureuse.